samedi 18 janvier 2020

Roulier mixte Saint Tudy - Compagnie Océane




Au sommaire de ce reportage :

  1. Compagnie Océane
  2. Historique : le remplacement du Jean Pierre Calloc’h
  3. Saint Tudy, le roulier de réserve de la Compagnie Océane
  4. Le Saint Tudy en images…
  5. Saint Tudy, un navire révolutionnaire pour les îles morbihannaises


Compagnie Océane


La Compagnie Océane est une société constituée à la fin de l'année 2007 afin de reprendre la délégation de service public (DSP) mise en place par le Conseil Général du Morbihan pour assurer la desserte des îles de Groix, de Belle-Ile-en-Mer, de Houat et d'Hoëdic. Elle remporte le son premier contrat de service public à compter du 1er janvier 2008 et jusqu’au 31 décembre 2014. Le contrat actuel de la DSP date du 1er janvier 2015 pour une durée de 6 ans, renouvelable.
La Compagnie Océane est une filiale de Transdev. Véolia fut aussi l'une de ses filiales, jusqu'à son retrait de ses activités maritimes en 2014.

Océane exploite 7 navires, dont 5 rouliers, 1 vedette mixte et 1 vedette à passagers.

^^ Cliquez sur le logo pour afficher la présentation de la Compagnie Océane ^^



Historique : le remplacement du Jean Pierre Calloc’h


Dans les années 1980, la flotte de la Compagnie Morbihannaise de Navigation sur la liaison Lorient-Groix était composée de 3 navires, dont le paquebot côtier "Île de Groix", lancé en 1960 ainsi que deux rouliers mixtes : le Jean Pierre Calloc’h et le Kreiz-er-Mor, mis en service respectivement en 1970 et 1977.
Le Jean Pierre Calloc’h était donc un roulier mixte construit en 1969 par les Chantiers et Ateliers de la Perrière à Lorient. Long de 34,70 mètres et large 9 mètres, il pouvait transporter jusqu’à 432 passagers et 12 voitures à une vitesse de 12 nœuds.

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Le Jean Pierre Calloc’h à quai de l’ancienne gare maritime de Lorient (cliquez sur l’image pour afficher le reportage).

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Vu de trois quarts arrière (cliquez sur l’image pour afficher le reportage).

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Le Jean Pierre Calloc’h en manœuvre à Port Tudy (cliquez sur l’image pour afficher le reportage).

La décision de remplacer le Jean Pierre Calloc’h, voué à prendre le relais du vieillissant Belle-Isle pour le renfort estival de la liaison Quiberon-Belle-Île, a été prise par le Conseil Général du Morbihan à la fin de l’année 1983. L’appel d’offre a été lancé par ce dernier par réunion d'une commission réunissant des représentants de la Compagnie Morbihannaise de Navigation, du Conseil Général et de la population groisillonne. Le Conseil Général du Morbihan souhaitait un navire d’un nouveau genre, qui pouvait charger des véhicules sans avoir à faire des manoeuvres, et notamment pour les camions.

Plusieurs chantiers ont répondu à l’appel d’offres : les Chantiers et Ateliers de la Perrière (Lorient) ; les Chantiers Cernat (Nantes) et Chauvet (Paimboeuf).
Finalement, c’est le projet de La Perrière qui a été retenu, après quelques ajustements, par le Conseil Général du Morbihan.
Pour nommer le futur roulier, le Conseil Général a proposé 3 noms, reprenant les dénominations des lieux de culte groisillons : Saint-Tudy (l'église du Bourg), Saint-Léonard (la chapelle du hameau de Quelhuit) et Saint-Gunthiern (la chapelle de Locmaria).

La construction du Saint Tudy débute en mai 1984 et le navire a été mis à l’eau 06 mars 1985. Les essais en mer étaient prévus pour le mois de mai 1985 pour une mise en service le 25 mai suivant. Cependant, les essais sont reportés à début juin et ces derniers mettent en évidence une mauvaise tenue directionnelle et une vitesse un peu plus faible qu’espérée. Après l’ajout d’ailerons pour améliorer la stabilité directionnelle, le Saint Tudy est admis au service actif le 27 juin 1985.

Mise à l'eau du Saint Tudy.

Le Saint Tudy en finitions sur le slipway de Kéroman.

 Le tablier avant bâbord.

Premiers essais en mer pour le Saint Tudy.

L'inauguration du Saint Tudy dans le port de pêche de Lorient.

Le Saint Tudy et le Jean Pierre Calloc'h ensemble à Port Tudy.

Le 17 juin 1985, le Saint Tudy a été mis en service entre Lorient et l’Île de Groix sous les couleurs de la Compagnie Morbihannaise de Navigation : le noir pour la coque et le blanc pour les superstructures. Il était exploité par un équipage lorientais et était basé à Lorient pendant la nuit.
Le Jean Pierre Calloc’h a été conservé comme navire de réserve. Avec l'arrivée du Saint Tudy dans la flotte, le Belle-Isle et l’Île de Groix ont été désarmés. Cependant, suite à des avaries de jeunesse du Saint Tudy, le Jean Pierre Calloc’h a réalisé une bonne partie de la saison 1985 sur la ligne Lorient-Groix, obligeant la Compagnie Morbihannaise de Navigation de remettre en service le Belle-Isle sur la liaison Quiberon-Le Palais. En effet, pendant la saison estivale, le roulier de réserve assurait des rotations supplémentaires sur Belle-Île en complément du Guerveur et de l’Acadie.
En novembre 1986, en raison de nombreuses tôles enfoncées tant sur les flancs bâbord que tribord, le Saint Tudy a été arrêté et remplacé par le Jean Pierre Calloc’h le temps des réparations, qui sont effectuées à Saint Nazaire.

Le Saint Tudy à quai à la gare maritime de Lorient en 1986.
 
Croisement entre le Saint Tudy et le Kreiz er Mor dans la rade de Lorient.

En 1991-1992, le Saint Tudy a changé de livrée, troquant le noir et blanc pour un ensemble blanc avec un gros liseré rouge surmonté d’un trait bleu.

Arrivée du Saint Tudy à Lorient sous sa seconde livrée.

Appareillage du Saint Tudy du port de Lorient.

En 1998, le Saint Tudy été repeint dans la livrée "SMN". Celle-ci se composait d'une coque blanche sur laquelle était tracé un liseré bleu surmonté d'un trait rouge.
De plus, avec la mise en service de la nouvelle gare maritime de Lorient en 1998 impliqua une modification de la porte de chargement à Lorient. Le tablier arrière bâbord a été supprimé et remplacé par une porte-rampe directement installée sur la poupe du navire. Cette modification a été réalisée car le ponton de la nouvelle gare maritime permet aux navires de culer.

Le Saint Tudy en route pour Groix en 2005.

Vu de trois quarts arrière.

En 2008, la délégation de service public des îles morbihannaises change d’exploitant. Le Saint Tudy est ainsi repeint lors de son arrêt technique au printemps 2008 aux couleurs de la Compagnie Océane.

Le Saint Tudy remontant le chenal du port de Lorient en 2008.

Le Saint Tudy en route pour Groix en 2008.

Deux ans plus tard, la Compagnie Océane a décidé de changer de livrée à l’ensemble de sa flotte suite à la mise en service du Melvan en 2010. Pour accompagner le liseré rouge et bleu ainsi que le logo de la société, la Compagnie Océane a décidée de repeindre le haut de la coque du Saint Tudy en bleu au cours de l’hiver 2010-2011.

Le Saint Tudy en approche de la gare maritime de Lorient en février 2018.

Vu de trois quarts arrière.

A quai à Lorient.

Le 30 mars 2018, le Saint Tudy a été remplacé par le nouveau roulier du Conseil Régional de Bretagne : le Breizh Nevez I. Le Saint Tudy a alors été placé en réserve à la place de l’Acadie qui a été sorti de flotte.
Enfin, en juin 2018, le Saint Tudy a été repeint aux couleurs du réseau de transports en commun bretons « Breizhgo » lors de son arrêt technique annuel.


Saint Tudy : le roulier de réserve de la Compagnie Océane


Le Saint Tudy a donc été construit en 1985 pour le compte du Conseil Général du Morbihan et a été exploité par la SMN (Société Morbihannaise de Navigation) puis par la Compagnie Océane. Cette unité, longue de 44,50 mètres peut transporter 313 passagers et 21 véhicules de tourisme à une vitesse de 11,5 nœuds. Jusqu’en 2018, il était affecté à la liaison annuelle entre Lorient et l’Île de Groix (Port Tudy) avec en complément l’Île de Groix.
Depuis la mise en service du Breizh Nevez I en avril 2018, le Saint Tudy est armé sur la ligne Lorient-Groix en cas d’indisponibilité de l’un des 2 rouliers habituellement en service : Breizh Nevez I et Île de Groix. Ainsi, en cas de problèmes sur les rouliers bellilois, l’Île de Groix est transféré sur Quiberon-Le Palais tandis que le Saint Tudy remplace ce dernier sur Groix.

En hiver, le Saint Tudy est amené à réaliser 5 rotations par jour en hiver et 4 en juillet-août.  Ce nombre réduit de rotations en été par un navire est compensée par le rajout d’un second roulier réalisant lui aussi 4 allers-retours.
La traversée entre Lorient et Groix est assurée par le Saint Tudy en 50 minutes.

Plan de la liaison assurée par le Saint Tudy.


Avant de continuer ce reportage, revenons sur les caractéristiques du Saint Tudy :

Caractéristiques administratives


Roulier mixte : SAINT TUDY
Numéro OMI : 8403519
Quartier maritime : LORIENT
Immatriculation : LO 614592K
Armateur propriétaire : CONSEIL GÉNÉRAL DU MORBIHAN (1985 > 2017), CONSEIL RÉGIONAL DE BRETAGNE (depuis 2018)
Armateur gérant : SMN (Société Morbihannaise de Navigation) (1985 > 2007), COMPAGNIE OCÉANE (depuis 2008)
Chantier naval : CHANTIERS ET ATELIERS DE LA PERRIÈRE, LORIENT
Année de mise en service : 1985
Date de mise en service : 17 juin 1985
Année de mise en réserve : 2018

Montant de l'investissement : 25 100 000 francs (6 816 500 €)

Caractéristiques d’exploitation


Capacité : 313 passagers (440 passagers en été) et 21 voitures de tourisme
Vitesse de croisière : 11,5 nœuds

Caractéristiques géométriques


Longueur hors-tout : 44,50 m
Longueur entre perpendiculaires : 40,20 m
Largeur : 11,02 m
Creux : 3,60 m
Tirant d'eau : 2,40 m
Port en lourd : 200 tonnes

Caractéristiques techniques


Propulsion avant 2011 : 2 moteurs Diesel 4 temps Crépelle 4 PSN 3, 4 cylindres en ligne
Puissance avant 2011 : 2 x 460 kW (2 x 625 ch)
Propulsion après 2011 : 2 moteurs Diesel 4 temps ABC 6 DXC 750, cylindres en ligne
Puissance après 2011 : 2 x 460 kW (2 x 625 ch) à 800 t/mm
Jauge brute : 437 tx (935 UMS)
Jauge nette : 163 tx (280 UMS)
Production d’électricité : 2 groupes Diesel-alternateurs POYAUD 520 6LS1 de 110 kW chacun
Nombre de propulseur d’étrave : 1
Puissance du propulseur d’étrave : 150 kW
Stabilisateur anti-roulis : Oui, type S-SAFIR 20


Le Saint Tudy en images…


Le Saint Tudy culé au ponton de la gare maritime de Lorient.

Appareillage de la gare maritime de Lorient.

Fin de la giration pour quitter la gare maritime.

Vu du port de Locmiquélic Pen Mané.

Vu de trois quarts avant bâbord.

Vu de profil.

Le Saint Tudy longeant les cargos en escale au port de commerce de Kergroise.

Vu de la plage de Kernevel (Larmor Plage).

Le flanc tribord du navire.

Passage devant Port Louis.

Le Saint Tudy en approche de Port Tudy.

Entrée à Port Tudy.

Approche de la cale Guyot.

A quai à la cale Guyot.

Evitage dans l’avant-port de Port Tudy.

Vu de trois quarts arrière.

Appareillage de Port Tudy.

Route sur Lorient !

Le Saint Tudy à quai à la cale Bonnelle (Le Palais) pour une livraison de carburant pour Belle-Île.

Vu de trois quarts avant bâbord depuis les remparts de Palais.

A quai à la cale Bonnelle.

Vu de trois quarts arrière.

Appareillage de la cale Bonnelle.

Evitage dans l’avant-port de Palais.

Appareillage du port de Palais.

Retour sur Lorient !

Le Saint Tudy remontant le chenal d’accès à la rade de Lorient.

Entrée dans la rade de Lorient.

Passage devant le port de plaisance de Kernével (Larmor Plage).

Arrivée à la gare maritime de Lorient.

L’étrave

Vu de trois quarts avant.

En approche du poste d’escale de la gare maritime de Lorient.

Amarrage.

Le Saint Tudy en carénage sur l’aire de réparation navale de Lorient-Keroman en juin 2019.

Vu de trois quarts arrière bâbord.


Visite du navire


Je vous propose, pour commencer, de découvrir les espaces accessibles à tous les passagers.

Le petit salon (pont 2)


Le petit salon est situé au pont 2, sur le flanc bâbord du garage. Il peut accueillir 36 personnes assises grâce à des sièges individuels de couleur rouge. Les sièges sont répartis en deux colonnes de deux places, séparées par une allée centrale. Pour les personnes à mobilité réduite, on retrouve deux emplacements à l’arrière du salon.
Notons que l’accès à ce salon se fait uniquement par le garage.


Le salon du pont 2 vu de l'extérieur.

Le salon du pont 2 avant la rénovation de 2011.


Le salon vu de l’avant.


Le salon vu de l’arrière.


Les places PMR situées à l'arrière du salon.

Le salon du pont galerie (pont 3)


Le petit salon du pont galerie, sur le flanc bâbord du pont 3. Il peut accueillir 36 personnes assises grâce à des sièges individuels de couleur rouge. Les sièges sont répartis en deux colonnes de deux places, séparées par une allée centrale. Notons la présence de deux tables sur l’avant bâbord de ce salon.
L’accès à ce salon se fait par les escaliers principaux avant et arrière desservant le pont 4. Un palier permet l’accès au pont galerie depuis cet escalier. Un petit escalier secondaire fait également la liaison entre les salons des ponts 2 et 3.


Le salon du pont 3 vu de l'extérieur.


Le salon vu de l’avant avec sur la gauche de l’image l’escalier donnant sur le salon du pont 2.


Le salon du pont galerie vu de l’arrière.


L’un des deux racks à bagages situé au plafond.


Un autre emplacement pour les bagages, situé sur l’arrière.

Le grand salon


Le grand salon est situé au pont 4, entre la passerelle et la plage arrière et est légèrement excentré sur tribord. Il est desservi, tout comme la plage arrière, par deux escaliers venant du pont garage : l’un pour la sortie de Groix (à l’avant bâbord) et l’autre pour la sortie Lorient (à l’arrière).

Le grand salon peut accueillir 80 personnes assises grâce à des sièges individuels de couleur bleue.
2 télévisions sont présentes à l’avant du salon pour diffuser des informations de sécurité.


La coursive d’accès au salon vue de l’extérieur.


Le salon vu de l’extérieur.


L’escalier avant pour la sortie Groix.


La coursive d’accès au salon (à gauche) et à la plage arrière (en face).


Les machines à café.


L’escalier arrière pour la sortie Lorient.

Le salon du pont 4 avant la rénovation de 2011.


Le salon vu de l’avant bâbord.


Le salon vu de l’arrière tribord.


L’une des télévisions diffusant les informations de sécurité relatives à l’abandon du navire.

La plage arrière


Elle se décompose en deux parties : une partie couverte (que l’on pourrait classer de salon ouvert) disposant de 84 places et d’une partie découverte pour 72 passagers assis. Notons que contrairement au Breizh Nevez I, tous les sièges sont concentrés sur la partie centrale du pont et très peu d’espace n’est disponible contre le bastingage. Ceci est dû à la présence des engins de la drome de sauvetage de chaque côté, dont les chutes et les coffres à brassières à bâbord et à tribord ainsi que le semi-rigide du bord installé à l’arrière.


La partie couverte de la plage arrière vue de l’avant.


La partie couverte vue du haut de l’escalier côté Lorient.


La partie arrière vue du salon ouvert.


Vue de l’arrière.

L’infirmerie


Située à l’avant du pont 2 sous le gaillard d’arrière tribord, l’infirmerie permet à une personne malade de voyager allongée et à l’écart des autres clients. Les défunts sont également transportés dans cette pièce.
Enfin, lorsqu’un délinquant doit quitter les îles, il est isolé avec sa surveillance policière dans l’infirmerie.

L’infirmerie.

Le garage


Situé au pont 2 du navire, le garage permet de charger 21 véhicules de tourisme (ou voitures et camions). Ce fut le premier navire de la flotte morbihannaise à posséder un garage avec une hauteur sous barrots suffisante pour charger des camions sur toute la longueur du navire. Ce fut également le premier à proposer un embarquement et un débarquement en marche avant sans manœuvres pour les véhicules.
A l’origine, deux tabliers se trouvaient sur le flanc bâbord, l’un à l’avant, l’autre à l’arrière. Le tablier arrière bâbord a été déposé en 1998 lors de la création d’une ouverture sur la poupe du navire pour y embarquer les véhicules à la nouvelle gare maritime de Lorient.


La partie avant du garage avec en face l’accès au gaillard d’avant.


Le garage vu de l’avant.


Vu du gaillard d’arrière tribord.


L’emplacement de l’ancien tablier arrière bâbord qui sert désormais à parquer les vélos.

Les tabliers


Pour embarquer et débarquer les véhicules, le Saint Tudy était équipé à l’origine de deux tabliers situés sur l’avant bâbord et sur l’arrière bâbord. Le tablier arrière bâbord avait la particularité d’être divisé, comme pour le Guerveur et l’Acadie, en deux demi-portes : le tablier en bas et un volet s’ouvrant par le haut. Le volet a été supprimé seulement quelques années après la mise en service du navire car ce système n’était pas pratique.

Le tablier arrière bâbord et son volet lors de la construction du navire.

Le tablier arrière bâbord en cours de fermeture à la fin des années 1980.

Le tablier arrière bâbord a été remplacé en 1998 par une porte-rampe installée directement sur la poupe. Cette nouvelle porte permet au navire de venir « culer » (reculer) sur l’extrémité du ponton de la nouvelle gare maritime Lorientaise.
Les tabliers sont mis en mouvement par un treuil électrique chacun. Notons que les passagers et les véhicules empruntent en même temps le tablier lors des chargements/déchargement. La file passagers est matérialisée par une bande blanche sur le tablier avant et par une barrière sur le tablier arrière.
Le verrouillage des tabliers en position fermée se fait par des vérins hydrauliques rentrant dans la structure de la porte.


Le tablier avant bâbord en position fermé.


Le tablier avant bâbord posé sur la cale Bonnelle (Le Palais).

Zoom sur le treuil du tablier avant bâbord.


Les commandes du tablier avant bâbord.


Le tablier arrière en position fermée.


Le tablier arrière en cours d’ouverture.


Les treuils du tablier arrière. On remarque sur la gauche le tambour où s’enroule le câble et juste derrière le moteur électrique qui met en mouvement le tambour.


Visite technique


Je vous propose maintenant de découvrir les espaces réservés à l'équipage et des aspects plus techniques de ce bateau.

Le gaillard d’avant


Nous y trouvons quatre bollards pour y tourner des aussières et un guindeau qui permet de manœuvrer l'ancre. Ce guindeau dirige la chaîne depuis le puits aux chaînes vers une poulie qui la redirige vers la pioche. Notons que l’on retrouve sur le guindeau deux poupées situées de part-et-d’autre de celui-ci. Ces poupées permettent de virer des aussières.


L’accès au gaillard d’avant depuis le garage.


Le gaillard d’avant vu depuis l’accès donnant sur le garage.


Un bollard.


Le guindeau avec ses poupées de chaque côté.


Le moteur électrique du guindeau.


L’une des deux poupées de guindeau.


La commande du guindeau.


Vue sur la pioche tribord.

La cale


Le Saint Tudy est doté d’une cale assez spacieuse située sous la partie avant du garage. On retrouve à l’avant de la cale le propulseur d’étrave actionné par une pompe hydraulique située dans le local machine. Avant 2011, le propulseur d'étrave était mû par une pompe hydraulique directement installée dans la cale.
La cale sert également à ranger du matériel encombrant, comme par exemple les aussières ou la pioche de secours. Contrairement à l’Acadie ou au Guerveur, aucun panneau permet de charger la cale. Tout le matériel est passé dans la cale par l’échappée d’accès à ce local depuis le garage.


L’intérieur de la cale.


La pompe hydraulique pour le verrouillage ou le déverrouillage des tabliers.


La pompe hydraulique de l'ancien propulseur d'étrave avant son remplacement en 2011.


Le propulseur d’étrave.


Le propulseur d’étrave vu de l’extérieur.

Les gaillards d’arrière


En raison de la disposition du garage, on retrouve deux plages de manœuvre à l’arrière du navire. Une, très étroite, est présente sur bâbord. On y retrouve un cabestan, un bollard ainsi que deux crocs pour capeler les amarres en acier du poste de nuit à Port Tudy.
Sur tribord, on retrouve un gaillard plus spacieux qui est équipé de trois bollards et d’un cabestan.


Le gaillard arrière bâbord avec sa cloche de cabestan.


Les commandes du cabestan.


Le bollard et les deux crocs pour l’amarrage de poste à Groix sur la droite de l’image.


Le gaillard d’arrière tribord vu du quai.


Le gaillard d’arrière tribord.


Le cabestan.

La passerelle


Installée sur la partie avant du pont 4 mais un peu surélevée, la passerelle regroupe tous les éléments qui permettent de contrôler et de manœuvrer le navire : les commandes des propulseurs azimutaux (Aquamaster), la VHF, les radars et tous les autres composants nécessaires à piloter et à contrôler le navire.
Juste derrière l’aileron bâbord, on retrouve le bureau du capitaine. Notons que la passerelle du Saint Tudy est très spacieuse et assez haute sous plafond. En effet, elle a été conçue pour son premier capitaine, Joseph Tonnerre qui était assez grand.


La passerelle vue de l’extérieur.


L’intérieur de la passerelle vu de bâbord.


Vue du pupitre central.

La table aux cartes et le pupitre central.


Les manettes des propulseurs azimutaux Aquamaster.


La commande secondaire des Aquamaster en cas de panne des autres manettes.


Les pupitres des moteurs bâbord et tribord.


Le tableau des groupes électrogène.


Le pupitre des ailerons stabilisateurs.


De gauche à droite : le tableau de mise en route des appareils de la passerelle, l’interphone, le pupitre d’ordre de barre et machine en cas de panne des manettes en passerelle, la platine d’ouverture des portes étanches et l’AIS.


Le compas gyroscopique.


Le compas magnétique.


Le sondeur.

La partie arrière de la passerelle avec la platine incendie/assèchement et de détection incendie au centre.

La platine des feux de navigation.


Le bureau passerelle.

Commandes déportées


Pour faciliter la visibilité du capitaine lors de manœuvres d'un côté du navire, des postes de commande sont installés sur les ailerons bâbord et tribord. Ceux-ci sont équipés du strict nécessaire pour manœuvrer le bateau : les commandes des Aquamaster, l'indicateur de position de barre, les compte tours moteur, la manette du propulseur d’étrave.
On retrouve également les écrans des deux radars du bord, placés chacun sur un aileron de la passerelle.


L’aileron tribord.


Vue rapprochée avec les commandes des Aquamaster en bas de l’image.


De gauche : la manette du propulseur d’étrave. Les commandes des essuie-glaces et du projecteur orientable au centre. A droite : le pupitre de contrôle Aquamaster et juste en-dessous le bouton de la corne de brume.


L’écran radar de l’aileron tribord.


Le micro de l’interphone permettant de communiquer avec les plages de manœuvre.


La poignée permettant de tourner le projecteur tribord.

Le mât radar


Sur le toit de la passerelle, on retrouve un mât qui est équipé d’un radar et des feux de navigation. Directement sur le toit de la passerelle, on retrouve un second radar, les deux cornes de brume ainsi que le compas magnétique.
De chaque côté de la passerelle est installé un projecteur de recherche qui permet d’améliorer la visibilité comme par exemple lors de l'approche d'un port de nuit.


Le mât radar dans toute sa hauteur.


Zoom sur les deux radars. On remarque en bas les deux cornes de brume.

La machine


A l’origine, le Saint Tudy était équipé de 2 moteurs CREPELLE 4 PSN 3 développant chacun 460 kW (ou 625 ch). Chaque moteur entraînait une hélice par l’intermédiaire d’un réducteur.
Cependant, ces deux moteurs, vieillissants, ont été remplacés en 2011 par des moteurs ABC à 6 cylindres ayant la même puissance que leurs prédécesseurs. À bord, la production d'électricité est assurée par 2 groupes Diesel-alternateurs de 220 kVA au total. Notons que les groupes électrogènes sont installés l’un derrière l’autre sur tribord.
On retrouve également à la machine une imposante centrale hydraulique dédiée au propulseur d’étrave.
Les gazs d’échappements des moteurs de propulsion et des groupes électrogènes sont rejetés à extérieur par une seule cheminée située sur tribord.

Le compartiment machine avant 2011 avec l’un de deux moteurs Crépelle sur la gauche de l’image.

Le compartiment machine vu de l’avant.

Le moteur bâbord.

Le moteur tribord.

Le tableau de commande de l’un des deux moteurs.

Le multiplicateur du moteur tribord.

La ligne d’arbre bâbord.

Les bouteilles d’air servant au lancement des moteurs.

Le groupe électrogène avant.

Le groupe électrogène arrière.

Le pupitre de commande de l’un des deux groupes.

Le tableau électrique de l’un des deux groupes.

La centrale hydraulique alimentant le propulseur d’étrave.

Les collecteurs incendie et les deux pompes juste derrière.
Le séparateur des eaux de cale.

 
Les ballons pour l’eau sanitaire du bord.

La cheminée, située sur tribord.

Le Saint Tudy est équipé de stabilisateurs anti-roulis qui augmentent le confort en mer en réduisant le roulis. Ils sont installés sur l’avant de la salle des machines, de chaque côté du PC Machine. Le déploiement des ailerons se fait grâce à des vérins hydrauliques
Notons que les ailerons des stabilisateurs se plient dans la coque, contrairement au Kreiz er Mor où ses stabilisateurs rentraient dans toute leur longueur dans la coque. Autre particularité par rapport aux rouliers plus anciens (jusqu’au Kreiz er Mor), le déploiement des stabilisateurs se fait directement depuis la passerelle et non plus directement dans la salle des machines.

Le stabilisateur tribord.

Le vérin du stabilisateur tribord.

La centrale hydraulique du stabilisateur.

Le coffret électrique du stabilisateur tribord.

L’aileron stabilisateur tribord déployé.

L’atelier


L’atelier est situé à l’arrière de la salle des machines, sur la gauche de l’arbre d’hélice bâbord. C’est l’endroit où les mécaniciens bricolent des pièces pour la maintenance courante du navire. Un magasin de stockage, notamment pour des pièces mécaniques, a été aménagé entre les deux lignes d’arbre.
Notons qu’à l’origine, l’atelier était situé dans le PC Machine à la place de l’actuel bureau du chef mécanicien.

L’atelier.

Le magasin de stockage de pièces.

Le PC machine


Le poste de commandement machine est situé à l’avant de la salle des machines. On y retrouve le pupitre de commande qui regroupe divers cadrans et petites veilleuses qui signalent que tous les organes des moteurs et des groupes électrogènes fonctionnent correctement. On retrouve sur bâbord le bureau du chef mécanicien et sur tribord les tableaux de commande des ailerons stabilisateurs ainsi que des tableaux électriques.

Le PC vu de la salle des machines.

L’intérieur du PC Machine.

Le pupitre central de commande.

On retrouve de gauche à droite : le pupitre du moteur bâbord, le tableau d’alarmes, les commandes secours Woodward et la prise de commande des moteurs en local avec en dessous le transmetteur d’ordres.

Les platines de commande des deux groupes électrogènes.

Les tableaux électriques du navire.

Les tableaux de commande des ailerons stabilisateurs.

La platine incendie.

Le bureau du chef mécanicien.

Autre vue du bureau du chef mécanicien. Au neuvage du navire, ce bureau était l’atelier machine.

Le local Aquamaster


Situé dans la continuité de la salle des machines, le local Aquamaster est l’endroit où l’on trouve toute la machinerie des propulseurs azimutaux du navire. L’accouplement entre la ligne d’arbre et le propulseur s’effectue par le biais d’une membrane pneumatique. La rotation du propulseur s’effectue sur 360° grâce à une pompe hydraulique.

Le local Aquamaster vu de bâbord.

L’arrivée de la ligne d’arbre tribord.

L’Aquamaster tribord.


Les centrales hydrauliques permettant la rotation des Aquamaster.

Les Aquamaster vu de l’extérieur.

Le poste d’équipage


Situé au pont 1 juste devant la salle des machines, le poste équipage regroupe toutes les cabines pour l’équipage, des sanitaires, cuisine et le carré. Notons que ce navire est équipé d’une cuisine ouverte sur le carré.
Autre particularité, tous les matelots et le bosco logent dans la même cabine. Cette disposition est similaire au Vindilis. Seuls les officiers ont leur cabine séparée.


La coursive du poste d’équipage vu de l’arrivée de l’escalier venant du pont garage.


Le carré et la cuisine au fond.


La table du carré.


La cuisine.


La cabine du capitaine.


La cabine du chef mécanicien.


La cabine des matelots.

L’autre côté de la cabine des matelots.

La sécurité à bord


Pour assurer l’abandon du navire, le Saint Tudy est doté de 4 radeaux de survie de 100 places et 2 de 50 places. En plus de ces 6 radeaux de survie, nous retrouvons aussi 18 bouées de sauvetage. Sur l’arrière du pont 4, nous retrouvons un semi rigide. Ce semi rigide est mis à l’eau grâce à une grue.
Notons que ce navire est le seul de la Compagnie Océane à être équipé de « chutes ». C’est un équipement qui permet d’évacuer verticalement les personnes.
Enfin, on retrouve également 505 brassières de sauvetage dont 47 pour les enfants.

Les commandes de la grue.

Le zodiac.

Deux des quatre radeaux de sauvetage de 100 places.

La chute tribord vu de la plage arrière.

Un radeau déployé avec la chute.


Saint Tudy, un navire révolutionnaire pour les îles morbihannaises


Le Saint Tudy fut un roulier révolutionnaire pour les îles du Morbihan. En effet, c’est le premier navire permettant aux véhicules d’entrer et de sortir du navire en marche avant, sans avoir à faire de manœuvres. Ceci permet donc d’accélérer les opérations de chargement et donc de diminuer le temps d’escale.
Malgré son remplacement par le Breizh Nevez I en avril 2018, le Saint Tudy reste très sollicité suite à divers problèmes de jeunesse de son successeur. En effet, lors de l’arrêt technique du Breizh Nevez I suite à son talonnage de février 2019 à l’entrée de la rade de Lorient, le Saint Tudy a assuré quasiment l’ensemble de l’intérim avant la remise en service du nouveau bateau en juin 2019.
Malgré ses 34 ans de service en 2019, le Saint Tudy a encore quelques années de service avant que le Vindilis ne soit lui également remplacé, certainement à l’horizon 2028-2030. Ce dernier devrait prendre le rôle de navire de réserve et le Saint Tudy serait sorti de flotte.

Saint Tudy, un navire de réserve toujours très sollicité.

Je tiens à remercier toutes les personnes ayant permis la réalisation de ce reportage et notamment l'Amicale des Chantiers et Ateliers de la Perrière pour le partage de leurs clichés lors de la construction du navire. Remerciements également à la Région Bretagne ainsi qu’à la Compagnie Océane pour leur accueil lors de la visite du navire.

Texte : Alspace
Photos : Alspace, Stéphane Couturier, Didier Dirol, B.Y, Robba, Amicale des CAP, Guillaume Danigo et Philippe Pourquier.